En bons humains que nous sommes, nous aspirons tous à des résultats. À un processus qui ne nous fait jamais reculer, toujours avancer. À un agenda qui nous mène à terme sans trop suer. Et surtout: à la certitude d'un produit fini concluant. Èvidemment, je ne vous apprends rien en disant que la vie n'est pas un constant crescendo accumulant les bons coups et les réussites. Surtout pas dans une création collective.
C'est ainsi que pour la première fois depuis le début des séances, nous avons eu nos premiers doutes et nos premières réelles discussions à savoir: Qu'est-ce qu'on fait? Pour qui? Pour quoi? Comment?
Insécurité? sûrement.
Légitime? tout à fait.
Nécessaire? sans aucun doute.
Lorsqu'on simplifie au maximum le mendat du Devised Yukon Project, il peut se voir en deux parties distinctes. La première étant de prendre du temps de studio exclusivement pour apprendre à travailler ensemble, expérimenter différentes approches ,et développer différentes méthodes de travail qui servent la création théâtrale. Ensuite, la deuxième étape consiste à créer un spectacle à partir de ces explorations.
Ces deux étapes étant claires, c'est la transition dans laquelle nous sommes qui reste à découvrir et maîtriser. La première semaine de séances était consacrée au mouvement. Nous avons réussi à développer notre langage et notre vocabulaire non textuel dont je parlais la semaine passé. En cette deuxième semaine, nous avons introduit le "vrai" langage dans notre travail, celui qui se met sur papier. Ce fut très productif, Mercredi soir nous avions déjà plus d'une heure de matériel textuel de notre cru. Maintenant que nous avons beaucoup de matière à travailler. Il nous reste maintenant à forger l'entonnoir idéal dans lequel placer toutes nos trouvailles pour qu'en ressorte le spectacle qu'on veut vous offrir.
J'aime les remises en question dans un groupe. De se complaire dans le plaisir qu'on a à jouer et à se regarder ne dure qu'un temps. Ensemble, nous nous posons des questions pour trouver la route dans laquelle nos six chemins se rencontrent. Et ensemble, nous mèneront la route jusqu'à qui veut bien nous entendre. Et peut-être que ce sera votre tour de remettre en question. Qui sait?