(Je tiens a m'excuser d'emblee pour l'absence d'accents dans mon texte, clavier inconnu oblige. Il n'en sera pas de meme pour mes prochaines entrees sur le site!)
D'arriver dans un nouveau projet artistique me donne toujours l'impression de mettre les pieds dans un pays inconnu, avec tout l'enthousiasme et l'inconfort que cela peut amener. De nouveaux visages, differentes manieres de faire, et un nouveau langage.
Depuis quelques jours, les six membres de Open Pit se decouvrent et s'aprivoisent. J'aprecie beaucoup le temps que l'on prend pour etablir un langage commun. Je trouve que trop souvent en theatre on utilise des termes valises (emotion, triste, heureux, realiste, symbolique ...etc) que l'on agremente d'adjectifs sperflus plutot que d'etablir un vocabulaire precis et simple comme denominateur commun. Venant de differents horizons artistiques, ayant de differents bagages academiques et experiences professionnelles, nous unissons nos connaissances et nos aspirations pour pouvoir communiquer de maniere saine, simple et precise avant, pendant et apres nos explorations. En tant que francophone, j'aprecie particulierement ce desir commun de tous s'accorder au meme diapason sur ce que nous voulons faire, et comment nous voulons le faire.
Puisque le projet s'interesse au theatre physique, il s'impose donc aussi pour Open Pit de trouver un vocabulaire gestuel sur lequel nous pouvons nous baser pour nos huit semaines de travail a venir. Je trouve que de l'exploration physique peut vite se perdre en brouhaha corporel denue de sens. Avec le Devised Yukon Project, nous joignons nos efforts pour developper des techniques physiques precises, et des themes porteurs de sens. Ce vocabulaire corporel nous permet ainsi d'orienter nos improvisations et de garder une communication riche sur scene, malgre l'absence de paroles pour le moment.
Dans une creation collective, ou il n'y a par definition ni metteur en scene, ni texte, nous sommes entierement libres et livres a nous-memes. Bien que cette liberte soit merveilleuse et precieuse, elle peut facilement devenir l'ennemi d'un projet comme celui-ci. C'est pour quoi je suis heureuse de travailler avec des gens qui, comme moi, croient en la contrainte creatrice. C'est en travaillant avec rigueur et dans la meme direction que l'on aboutit a la reelle liberte, celle de creer un seul et meme langage theatral pour parler tous ensemble du monde dans lequel on vit.
Geneviève Doyon